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LouiseMarcel
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20 mars 2010

La réconciliation

La scène se passe bien des années après 1946. Après Martine qui est née en 1947 est arrivé Jean-Michel en 1950. Nous sommes dans les années 1980.

Marcel est bien mal au point. Il est malade mais surtout il est aigri, amer, il en veut à la terre entière et surtout à lui-même. Il passe sa journée à boire et se foutre des gens qui sont autours, même de sa petite fille. Il a beau l'ignorer, lui gueuler parfois dessus, elle vient tous les mercredis et elle ne lui dit rien. Elle le regarde avec un air de pitié qui le dérange.

Cet après midi là, il est assis comme d'habitude dans son fauteuil, devant la télé, à moitié endormi.

Sa petite fille s'approche, se pointe devant lui et lui dit :

-"Grand-Père, Mamie dit que tu es triste comme ça et que tu bois depuis que tu es revenu de la guerre."

Elle décide de s'asseoir sur ses genoux et continue : "Grand Père, est-ce que je peux faire quelque chose ?"

-"J'veux pas d' ta pitié. File !" répond Marcel énervé.

-"Grand-Père emmène-moi au parc !" lui dit-elle en décidant ce jour là de ne pas se faufiler.

Il l'a regarda un long moment, lui prit la main et en sortant dit à Mamie "Nous sortons".

Nous restâmes tous les deux sur le banc, Grand-Père à fumer sa pipe, moi à balancer mes pieds dans le vide.

Nous ne dîmes pas un mot, c'était inutile.

Depuis ce jour, Papi m'emmena au parc toutes les semaines. Petit à petit, il me raconta ce qu'il avait vécu à la guerre, mais que des histoires drôles. Elles nous faisaient poiler tous les deux. J'avais un malin plaisir à lui demander de me répéter les histoires qui nous faisaient le plus rigoler, notamment son évasion en compagnie d'un cochon. Sa tentative avait échoué mais qu'est ce que c'était drôle.

J'adorais aussi quand il me parlait en allemand.

Du coup, j'ai cru longtemps que la guerre était quelque chose de très rigolo.

Aujourd'hui mon Grand-Père est mort depuis 20 ans mais je sais que ces moments d'échanges et de grandes complicités l'ont permis de se réconcilier avec son passé, avec lui même. D'ailleurs, à la fin, il ne buvait presque plus.

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